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  • Didier Guenin

G20 à New Delhi, pour quoi faire ?


Les 9 et 10 septembre dernier s'est tenu à New Delhi la 18ème édition du G20. On devra désormais parler de G21, puisque les chefs d'États des 20 pays les plus puissants se sont mis d'accord pour accueillir en leur sein l'Union Africaine. Cette décision marque une étape importante d'inclusion des pays du Sud dans la gouvernance mondiale. En effet le G20, créé en 1999 pour introduire de la coordination internationale, plus souple que l'organisation des Nations Unies (193 États membres) et moins occidentalo-centrée que le G7, compte en son sein dix-neuf des pays aux économies les plus développées (Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, République de Corée, Royaume-Uni, Russie, Turquie), plus l'Union européenne et désormais plus l'Union africaine. Le poids économique et démographique du G20 est évident avec 75 % du commerce mondial, 65% de la population mondiale et 80 % du PIB mondial. Si cette intégration de l'Union Africaine [qui compte 55 membres et 3.000 milliards $ de PIB, soit l'équivalent de la France], le continent n'était jusque-là représenté au G20 que par un seul Etat, l'Afrique du Sud, marque un pas vers un plus large multilatéralisme, les décisions prises à New Delhi interrogent par leur mollesse. Le G21 n'est-il pas menacé d'inefficacité à force de vouloir ménager la chèvre et le chou. Ne pas froisser la Russie concernant la guerre en Ukraine. Ne pas froisser l'Arabie Saoudite concernant le pétrole. Ou bien sont-ce les dirigeants qui sont à côté de la plaque, enfermés dans leurs égoïsmes de pouvoirs personnels, et ne voient ni les évidences ni l'urgence de la situation planétaire. Ainsi le texte final dénonce l'emploi de la force visant à obtenir des gains territoriaux, mais le texte ne fait pas mention explicitement à l'agression russe en Ukraine. Chacun peut y lire ce que bon lui semble, l'Occident une condamnation de la Russie, la Russie une légitimation de son action dès lors qu'elle considère les territoires historiquement siens, et la Chine une condamnation par anticipation de tout soutien militaire occidental à Taïwan. Bref un texte qui a force de vouloir tout dire... ne dit rien. De même concernant la menace du réchauffement climatique nulle trace dans le texte final d'une sortie des énergies fossiles. Tout juste les 21 plus grandes puissances mondiales se sont accordées sur un objectif du triplement des énergies renouvelables d'ici 2030. Mais sans désengagement et désinvestissement dans les secteurs du charbon et du pétrole dans un premier temps, et du gaz dans un second temps, le compte n'y sera pas et on continuera, comme depuis quelques années déjà, à appuyer simultanément sur le frein et l'accélérateur des émissions de CO2. Bref un sommet du G20/21 bien décevant sur les deux sujets majeurs que sont la lutte contre le réchauffement climatique et la route vers la paix. Alors même pas la peine de rêver d'avancée sur les inégalités sociales, sur la démocratie ou sur les discriminations. Notre planète avance sans gouvernement global et celles (bien peu de femmes dans le G21) et ceux qui sont censés nous gouverner se concentre chacun sur son morceau du puzzle sans vision de les assembler efficacement. Et pourtant les échéances approchent et les menaces s'amplifient.

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