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  • Didier Guenin

Apporter une réponse sociétale aux émeutes




Après une semaine d'émeutes et de violences urbaines d'une rare intensité le calme est revenu. Ces événements sont des révélateurs de notre société. Faute d'avoir écouté les signaux faibles qui résonnent depuis des années et enflent en l'absence de réponses appropriées, la France vient de connaître une semaine tragique.


Tragique de par la mort d'un adolescent, car quelles que soient les irrégularités et incivilités qu'il ait pu connaître rien ne justifie sa mort.Tragique parce que de nombreuses personnes ont été blessées, que ce soit au sein des forces de l'ordre ou des émeutiers, voire de simples badauds.Tragique tant pour l'importance matérielle et financière des dégradations que par l'impact psychologique que les images et la réalité des émeutes ont pu causer.


Le débat public et politique s'est enflammé aussi vite que les nuits dans les banlieues et centres-villes, entre une condamnation surjouée des forces de l'ordre par certains et un appel inapproprié aux mesures d'urgence d'autres. Mais au delà des exagérations et outrance, l'un et l'autre de ces messages extrêmes portent une part de vérité que les tenants d'un vision gentrifiée de notre société ne devraient pas ignorer.


Tout d'abord il est important de dire clairement que les violences urbaines actuelles, les pillages et les menaces sur les personnes y compris des élus de la République sont inexcusables et qu'elle n'ont pas leur place dans une démocratie apaisée.


Il est tout aussi important de rappeler que des forces de l'ordre irréprochables agissant sur instructions légales des élus de la République sont les garantes de la paix sociale et de la concorde civile et sont le socle de notre démocratie.


Ceci dit, il est nécessaire de chercher à comprendre les causes de leur survenance. Comprendre ne voulant en aucun cas justifier. La non écoute des problèmes profonds de notre société ne saurait durer sans engendrer demain une nouvelle occurrence de violence.

Ce faisant on ne peut faire l'économie de s'interroger sur les instructions qu'ont les forces de l'ordre dans l'exercice de leur mission de sécurité notamment quant à l'usage de leur arme. Une étude à froid de l'impact de la réforme de 2017 est nécessaire. Car c'est non seulement la vie d'un adolescent qui est en jeu, mais aussi celle du policier qui a tiré qui est atteinte.


Cette réflexion doit viser à la fois à minimiser les occurrences tragiques mais à protéger dans leurs droits et devoirs les forces de l'ordre.


Mais au delà du drame initial il faut aller plus loin. Car au cœur du problème générateur de ces éléments se trouve le besoin imperieux de réponses à la situation de non droit qui règne dans de trop nombreux territoires de la République par une inégalité latente et des activités répréhensibles.


La ségrégation sous-jacente, qui existe quand un lieu de résidence, un nom, un prénom ou un faciès sont sources de problèmes dans la recherche d'un emploi, voire même au quotidien dans les déplacements dans la rue ou le métro, ne doit plus être tabou. C'est une réalité. Une réalité inacceptable dans une République qui prône la liberté, l'égalité et la fraternité.


La déresponsabilisation de certains parents, eux-mêmes en situation de marginalisation, ne doit pas non plus être évacuée mais abordée dan le processus global d'éducation et de socialisation. Nous avons perdu progressivement des marqueurs de l'intégration sociale, pour n'en citer qu'un : le service militaire même s'il ne s'adressait qu'à la moitié d'une classe d'âge. La France est très mal placée dans les classements internationaux car son système éducatif favorise les élites. Il est urgent d'apporter une réponse systémique aux décrocheurs.

Les trafics en tous genres dans de nombreux quartiers prospèrent sur l'état de désœuvrement attisés par la demande d'une jeunesse pécunieuse en quête de sensations faute de repères.


Enfin le déclassement territorial est un facteur clé qui fracture dangereusement le pays. La violence a également flambé dans des petites villes de province. Les images de Montargis ont frappé l'opinion. Il y a dans notre République trop de territoires en déshérence.

Voici quelques pistes. Il convient de les approfondir ainsi que d'en explorer d'autres.

Rétablir l'ordre, ce qui a été fait, même si des instances internationales, devant le nombre disproportionné de blessures et d'interpellations, ont rappelé la France a la nécessité de le faire dans le respect du droit.


Maintenant est venu le temps de l'analyse sereine, profonde, sérieuse. Il faut pour cela engager sans délai une réflexion politique, sociétale et sociale. C'est la seule voie pour éviter que d'autres drames et embrasements ne se produisent.

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