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ALTERMONDE

Regard d'Actu



"J'ai l'honneur au nom du Gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France" ces mots prononcés avec conviction le 17 septembre 1981, quand il monte à la tribune de l'Assemblée Nationale pour défendre et obtenir le vote des députés pour abolir la peine de mort, résonnent de nouveau, le 7 février 2007 quand Robert Badinter porte devant le Sénat, le projet de loi constitutionnelle visant à inscrire l'abolition de la peine de mort au sein du texte suprême de notre République. Les sénateurs de tous bords debout saluent l'homme, qui confie quelques temps après qu'il peut à présent s'en aller. Heureusement ses combats se poursuivront et sa parole continuera de porter.


Robert Badinter est un des rares hommes ou femmes à avoir porté la conscience morale de la France. Sa voix si puissante, comme lorsqu'il criait sa honte devant les sifflements lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv ... en 1992, s'est nourrie de son histoire familiale douloureuse et a trouvé, dans les convictions profondes de l'homme viscéralement humaniste qu'il etait et dans sa formidable capacité oratoire à donner à entendre et à lire l'émotion sincère, les mots pour tracer un chemin de liberté, de responsabilité, de démocratie et d'humanité.


Cette voix restera vivante chez eux en qui elle semé des germes d'humanité et de responsabilité.



Les agriculteurs expriment leur désarroi. Le malaise est profond et dépasse de loin les revendications exprimées, rendant toute réponse insuffisante. Altermonde qui est à l'écoute du monde rural depuis sa création, ne serait-ce que parce que nombre des fondateurs ou premiers membres en sont issus. Longtemps clé de voute de notre société, les paysans ont perdu voici bien longtemps leur primauté quand l'exode rural et l'appel de main d'oeuvre de l'industrie d'abord puis du tertiaire ensuite firent de la cité le noeud des activités économiques et sociétale. La mécanisation d'abord et la chimie des entrants ensuite ont permis a l'agriculture de conserver son rôle essentiel. Mais paradoxe violent cela s'est fait au détriment des agriculteurs. Car si l'agriculture dans sa globalité a pu tenir son rang, la valeur qui en résulte est passé de la poche des agriculteurs à celle des fournisseurs de matériel agricole et de la chimie de traitement, sans parler des banques. L'agriculture reste riche mais les agriculteurs sont pauvres. Ce d'autant plus que quelques uns tirent leur épingle du jeu. A cette géographie létale de la valeur économique, s'ajoute avec le réchauffement climatique la perte douloureuse de la valeur morale. Le paysan hier était celui qui nourrissait et entretenait les sols. Il est à son corps défendant celui qui nourrit pas de par les pesticides et celui qui mal appauvrit la terre (pompage, irrigation, disparition des haies, grandes bassines). Cette double perte de valeur, économique et morale, pour l'agriculteur est au coeur de la crise actuelle. Il faut pour y répondre repenser profondément la place des agriculteurs dans notre société ; et leur assigner le rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique qui est potentiellement le leur. Au lieu de les pointer du doigt avec l'irrigation et le carburant des engins agricoles, il est primordial de reconnaître socialement et economiquement ce rôle. Seule une reponse sur les valeurs peut dénouer durable la crise de valeur actuelles.



Une voix qui parlait d'Europe, de communauté de destin des pays européens, d'espace de paix et de développement partagés.


Cette voix a tracé la voie pendant dix ans à la tête de la Commission européenne pour donner à ses idées la marque de l'action.


Une voix qui croyait possible l'égalité des chances, la justice sociale et le développement économique.


Cette voix-ci ne s'est pas senti autorisée à mener la bataille présidentielle, redoutant de détenir la pouvoir sans avoir les moyens de l'exercer au service de ses convictions.

Reste une question en forme d'énigme : renoncer à être candidat n'est-ce pas renoncer à sa capacité à renverser les prévisions et finalement donner raison à ceux qui défendent des idées contraires aux siennes ? A chacun de forger sa réponse.


Rares sont les politiques qui résistent à la pression folle qui mène à la course au pouvoir pour la seule jouissance de l'exercer. Chapeau Monsieur Delors, cette intégrité vous honore.

Puisse votre voix modérée sans être faible, tempérée sans être molle, pragmatiquement ancrée dans la réalité économique et résolument à gauche sans concession sur la justice sociale continuer à inspirer des femmes et des hommes qui croient en la possibilité d'un avenir juste et durable.


Grand merci Jacques Delors de rester ainsi une voix inspirante pour qui veut encore tracer cette voie pour inviter un autre monde.


Reposez en paix 🕊

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