top of page

ALTERMONDE

Regard d'Actu




Rarement les médias n'ont été à ce point déformants et nous sommes bombardés d'informations contradictoires. Quand les chiffres ou les faits ne sont pas biaisés, voire montés en épingle. Dès lors chacun se bat avec sa vérité erronée. Cette épidémie met en évidence la carence médiatique et soulève une question d'équilibre démocratique qu'il faudra résoudre.


Jamais notre pays, comme d’autres, n’aura compté autant d’experts médicaux que durant cette pandémie, quasiment autant que de spécialistes du football lors du dernier mondial. En cela, rien d’anormal ; en temps de crise il est même sain que chacun puisse s’exprimer, c’est un bon moyen d’exorciser ses propres craintes. Sans doute serait-il néanmoins plus sage que chacun s’exprime en fonction de ses compétences et choisisse pour ce faire l’angle adéquat ; cela aurait le mérite de faire circuler une parole informée avec les controverses indispensables qui nourrissent l’élaboration du savoir.


Hélas, trop d’expressions relèvent dans le meilleur des cas du café du Commerce, ceci-dit il ne faut pas mésestimer leur utilité psychosociologique, et dans le pire des cas du colportage broussailleux de fake-news et de théories farfelues ou complotistes. Cette seconde réalité est plus problématique pour la cohésion sociale, même si elle est sans doute inévitable, tout particulièrement dans une société hyperconnectée comme la nôtre.


Plus grave est la fragilité, pour ne pas dire le biais, d’informations auxquelles nous sommes confrontés. Le manque flagrant de véracité dans les informations télévisuelles, tout comme les effets de communication vibrionnants des pouvoirs publics, sont hautement anxiogènes. Or dans une crise chacun a plus que jamais besoin de repères. Or ceux sur lesquels nous devrions pouvoir nous appuyer nous font défaut.


Ainsi il arrive que des ministres se contredisent les uns les autres dans la même semaine, ou contredisent les expressions publiques des experts qui les conseillent, avant que de se contredire une nouvelle fois en mettant en place tardivement les propositions de ces mêmes experts.


Parallèlement nos médias nous renvoient une vision totalement biaisée de ce qui se passe en France et hors des frontières de l’hexagone. Nous voyons par le petit bout de la lorgnette ce qui se passe dans tel ou tel pays.


Ainsi les media sans recul nous assénent des chiffres parcellaires de l'épidémie dans d'autres pays. Alors que comparer à un instant donné les chiffres de deux pays est un contresens, car il ne faut pas confondre temporalité et chronologie. Pour avoir un début d’analyse, encore conviendrait-il de recaler les courbes pour raisonner sur la chronologie intrinsèque de l’épidémie et non pas sur la temporalité universelle.


Autre exemple, régulièrement tel ou tel journal télévisé nous gratine d’un reportage sur la situation dans tel ou tel pays africains, avec des poncifs dignes de Tintin au Congo, nous y annonçant l’imminence d’une catastrophe, alors même que pour de multiples raisons la circulation virale est globalement modérée en Afrique.


Que comprendre alors de l'épidémie ?


S'en remettre aux faits pour voir la situation de l'épidémie de Covid19 en face.


S'agissant du monde, la situation est contrastée. Pour deux tiers des pays la situation est maîtrisée ou modérée. Pour un tiers des pays l'épidémie est forte à violente.


Ainsi les pays s'en sortent très différemment entre des pays comme la Corée du Sud, la Norvège et la Nouvelle Zélande où la situation est maîtrisée. Et d'autres connaissent une situation compliquée comme le Royaume Uni, les États-unis ou la France, l'Italie ou l'Espagne avec plus de 1.000 morts hélas par million d'habitants.


Comparer les pays est chose délicate à l'instant t, dans la mesure où chaque pays a sa propre chronologie (date d'apparition, facteurs de frein à la propagation). Il convient donc de se regarder les chiffres avec prudence et en dynamique.


Pourquoi nos médias ne mènent-ils pas des investigations au Japon, en Nouvelle Zélande ou en Norvège pour ne prendre que ces quelques exemples, afin de comprendre ce qui se passe dans ces pays et essayer d’expliquer pourquoi l’épidémie de Covid19 y est statistiquement moins virulente.


S'il y a dans ces différences de situation des savoirs à aller chercher, ce n'est pas en se comparant dans une inutile compétition de cours de récréation, mais en allant chercher des éléments de compréhension partagée. Identifier des bonnes pratiques serait de nature à partager des voies d’amélioration à disposition de tous.


Le développement de l’épidémie obéit à des lois de propagation qui se moquent de la nationalité de leur espace mais intègrent les freins à la circulation rencontrés au travers des mesures de barrières et de distanciation mises en œuvre.


Quelques certitudes cependant s'agissant d'une épidémie.


Toute épidémie est une course de vitesse. A la promptitude de réaction dans la mise en place des mesures de réduction de la propagation virale, s'ajoute désormais celle de la rapidité de la campagne vaccinale.


Toute épidémie est une course de longue haleine. La covid19 ne s'arrêtera pas à la deuxième vague en cours. Les virus sont éminemment plus anciens que nous. Et leur capacité est puissante à trouver des reservoirs, à temporiser puis à se propager rapidement dès que le terrain est favorable. Les vagues se succéderont tant que des humains seront susceptibles d'être contaminés.


Il y a un paradoxe et un équilibre complexe entre mesures barrière qui protègent provisoirement et acquisition d'une immunité qui protège à plus long terme. La pertinence d'une stratégie sanitaire se mesure hélas in fine au nombre de morts évités. Cette stratégie repose sur une combinaison plus ou moins réussie de décisions sanitaires protectrices immédiates et urgentes, de capacité médicale et hospitalière à soigner, et de stratégie immunitaire sur la durée.


Au-delà des limites numériques de notre système de santé, grandement compensée par la robustesse de l’engagement personnel des équipes hospitalières, au-delà de l'insuffisante capacité de notre technostructure à s’adapter au réel mouvant et fluide, ce que révèle cette épidémie de Covid19 ce sont les trop nombreuses défaillances dans la production d’informations fiables, vérifiées et objectivées de la part de nos média.


Pour avoir un débat démocratique, encore faut-il que chaque citoyen dispose de la réalité des données pour forger sa propre conviction. Si tel n’est pas le cas, le citoyen perd de sa capacité autonome à réfléchir pour être instrumentalisé et stimulé en vue d’une réaction préformatée !


Il y a sans doute urgence à repenser la qualité du partage de l’information, car sans diagnostic partagé sur la base de données fiables, vérifiées et objectivées il n’y a point de construction solide possible.


Il y a donc urgence à tirer les enseignements organisationnels et societaux de cette crise.


Surtout que, pour que terrible que soit cette épidémie de Covid19 que nous traversons, celle-ci est hélas peu face aux menaces que le réchauffement climatique fait peser sur nos sociétés. Si nous abordons cette crise climatique en cours comme nous l’avons fait pour l’épidémie de Covid19 il y a beaucoup de mauvais sang à se faire !




Les médias évoquent une démocratie menacée, une democratie bafouée, suite aux évènements du Capitole.


Pourtant ce qui s'est joué ce jour au Capitole à Washington est l'aboutissement d'une longue série de manquements à la démocratie.


Depuis 4 ans le Président Trump joue avec les lignes blanches du droit, gouverne selon le bon vouloir de ses humeurs, tient des propos violent, divise le peuple américain, souffle sur les braises.


Et rares sont les garde-fous qui ont été activés pour stopper ces dérapages, hormis in fine certains médias américains coupant l'intervention du Président pour dire que ce qu'il disait était faux. Mais combien de milliers de fake-tweet le Président Trump a-t-il rédigé en toute impunité. Ses dérapages, à tort qualifiées de pitreries, n'étaient-elle pas simplement des vilenies qui ont alimenté le spectacle mediatico-politique ? La question mérite d'être posée. Et les réponses devront sûrement être apportées avec suffisamment de recul sur le mandat écoulé.


Ainsi conviendra-t-il sans doute d'étudier comment un milliardaire fantasque, a pu, dans une démocratie aux institutions robustes, au nom de cette supposée fantaisie, jouer ainsi avec les règles ?


Il est une autre question qu'il importera d'éclaircir. C'est le processus de contestation des résultats de l'élection. Que Trump dépose des recours devant les tribunaux pour contester tel ou tel comptage n'est pas en cause. C'est un droit légitime en démocratie. Mais que le Président en exercice aille contre l'avis des juges et organise, le jour même de la reconnaissance de l'élection de son successeur, une manifestation de protestation et y participe en disant qu'on lui a volé l'élection est le véritable sujet de questionnement.


Qui est le plus fautif ? Ceux qui ont envahi le Congrès à force de lire les tweets du président Trump et en débordement de la manifestation que le président Trump lui-même avait organisé ? Ou bien celui qui par ses tweets frénétiques les a entraîné dans une confusion de jugement, allant jusqu'à tenir des propos potentiellement séditieux ? La réponse est simple.


Les historiens, les sociologues et les experts en science politique auront à définir le Trumpisme et à comprendre comment ceci a pu conduire à cet événement impensable auquel nous venons d'assister, perçu par beaucoup comme un errement paroxysmique de la démocratie.


Il conviendra alors de se rappeler que seul le strict respect du droit est le rempart de la véritable démocratie ! Aucun élu n'est propriétaire de sa charge. Tout élu a l'obligation d'exercer sa charge dans le strict respect du droit et dans l'écoute active des oppositions qui s'expriment.


Il existe des lois et des règlements. Etre élu ce n'est pas être au-dessus de ces lois ou de ces règlements, mais au contraire de les appliquer pour tous y compris soi-même !


Ce qui s'est déroulé au capitole à Washington nous montre que les régimes démocratiques ne doivent pas céder une once de non respect du droit, au risque de laisser les choses dériver jusqu'à des points extrêmes.

bottom of page