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ALTERMONDE

Regard d'Actu


16ème sur 27 au sein de l'Union Européenne, 34ème au niveau mondial, la France, pays des Lumières et de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, n'a pas de quoi être fier de sa place dans classement 2021 de la liberté de la presse. Surtout que celui-ci vient après le classement qui reléguait la France dans le camp des démocraties imparfaites.


Il y a de quoi s'interroger sur la pente glissante qu'emprunte la France s'éloignant à pas comptés de ses valeurs humanistes et progressistes. Lentement mais sûrement nous assistons à un recroquevillement attisé par des discours politiques manipulatoires et des calculs à la petite semaine ne visant qu'à satisfaire que quelques ego dystrophies.


Nous perdons le sens de la mesure, et pire encore la mesure du sens. Dans un monde sans repère ni boussole les bonimenteurs et les marchands de rêves empoisonnés prolifèrent. Nous y sommes.


Et ce qui pourrait être un rempart face à ces dérives, la presse, se relève incapable de tenir suffisamment fermement son rôle. D'une part parce qu'elle est entravée dans sa liberté de couvrir les terrains et sa capacité à enquêter. Mais aussi parce que cédant elle-même à un mal du temps, la course à l'immédiateté et à la facilité, elle prend pour argent comptant les paroles hétéroclites, et infondées souvent, oubliant les fondamentaux de la véracité qui consistent à recouper et vérifier ses sources. Entre les mains d'un petit nombre de détenteurs, amis ou proches des pouvoirs politiques ou économiques, la presse acquiert une propension plus forte à ne pas remettre en question le récit officiel. Surtout inscrit dans la course au profit, la presse se doit de vendre et pour cela de délivrer ce que ses lecteurs attendent.


La liberté ou l'entrave de la presse c'est paradoxalement le citoyen qui la fait en cédant au chant des sirènes ambiantes, les voix des sirènes étant elles-mêmes colportées par la presse. La boucle encore lente, mais elle pourrait s'accélérer, de l'entrave progressive de la liberté est en route.


Il y a urgence à réfléchir à notre démocratie, à la revivifier. Cela passe par une réaffirmation de la liberté de la presse, tant vis à vis des pouvoirs politiques qu'économiques. Un vaste chantier où il y a du grain à moudre.


ous l'impulsion de Joe Biden se tient en réunion digitale le sommet des leaders politiques mondiaux pour le climat. Il regroupe 40 dirigeants planétaires.


En introduction du sommet Joe Biden annonce que les USA baisseront leurs émissions de CO2 de 50 à 52% à horizon 2030.


Que la première puissance mondiale se préoccupe enfin du climat après quatre années de climatosceptisme trumpiste est en soi une bonne nouvelle. A preuve quarante chefs d'État se sont sentis obligés de participer. Et les annonces des USA créent une dynamique positive qui a conduit le Royaume Uni par exemple à revoir à la hausse ses ambitions en annonçant cette après-midi une ambition de baisse de 78% de ces émissions de CO2 en 2035. De même le Japon a porté son ambition à -46% par rapport à 2013 (contre -26% précédemment).


Bien sûr les citoyens du monde peuvent légitimement être sceptiques face à des annonces globales et distantes dans le temps. Nous n'en sommes pas au premier sommet et tant d'annonces politiques n'ont pas été suivies d'effet. Le scepticisme ambiant renvoie chacun à sa propre inaction. Pourtant chaque citoyen a le pouvoir d'agir. Il est consommateur et un émetteur de CO2. Si chaque citoyen agissait les émissions mondiales baisseraient. Nous ne pouvons donc pas tout attendre des états.


La situation n'est plus à jouer les insatisfaits ou défaitistes, l'urgence climatique est là, pressant. Nous connaissons la voie de la limite de la casse à une hausse de +1,5°C global : il nous faut collectivement réduire de -45% (par rapport à 1990) les émissions d'ici 2030 et arriver à la neutralité carbone en 2050. Alors quand la 1ere puissance économique mondiale double des ambitions (-26% à -28% par rapport à 2005) pour les porter à -50% à -52% c'est un grand pas dans la bonne direction.


Ainsi et sous réserve de nouvelles annonces nous en sommes désormais à des ambitions encore insuffisantes mais mieux orientées qu'à l'issue de la Cop21 :


- Chine : neutralité carbone en 2060


- Etats Unis : -50 à 52% en 2030


- Europe : -55% en 2030 et neutralité carbone en 2050


- Royaume Uni : -78% en 2035


- Japon : -46% en 2030


Ces 31 pays représentent plus de la moitié des émissions des 195 pays de la planète. ( A noter que la baisse d'émission n'est pas comptabilisée depuis les mêmes dates par les différents pays, et que plus la référence est récente, moins l'ambition est forte).


Bien sûr, il va falloir tenir ces objectifs. Et que la baisse se voit rapidement pour répondre à l'urgence climatique.




Le dernier classement annuel « DEMOCRACY INDEX 2020 » est paru. Il mesure pour les 167 principaux pays de la Planète le degré de démocratie selon 4 niveaux :


· Les démocraties accomplies


· Les démocraties imparfaites


· Les régimes hybrides


· Les régimes autoritaires


La moitié des pays (85) sont réputés démocratiques parmi lesquels seuls 23 sont qualifié de pleine démocratie. Et un tiers (57) sont qualifiés de régimes autoritaires.


La France, notamment du fait de la manière hyper centralisée dont le Président de la République gère la crise du Covid19 (selon les auteurs de cette étude), se voit déclassée dans les démocraties imparfaites.


La pandémie a mis les différents pays à rude épreuve, questionnant de manière très directe la façon dont les pays pratiquaient la démocratie, associant ou pas les citoyens directement ou via les corps intermédiaires à la prise de décision. Ainsi un certain nombre de pays voient leur notation dégradée sur la manière dont ils ont réussi à conjuguer les actions de prévention sanitaire avec la préservation des libertés individuelles et la praxie gouvernementale.


Sur le long terme, si l’engagement politique des citoyens connait sur les douze dernières années une évolution favorable, le fonctionnement démocratique des gouvernements est orienté à la baisse (de 5.0 à 4.7) légère ainsi que le pluralisme et le fonctionnement électoral (6.1 à 5.8). Plus inquiétant les libertés individuelles civiles connaissent une forte érosion (6.4 à 5.5). Ceci ne peut que nous interroger sur l'évolution de nos sociétés et la place du citoyen.


La place croissante des réseaux sociaux et de l'information instantanée à redonné au sensationnel, aux petites phrases et aux émotions une place déterminante dans la communication politique. Cela favorise l'émergence d'hommes providentiels, on l'a vu avec Trump, Bolsonaro ou Orban. Sur le mode fantasque, polissé ou autoritaire on voit refleurir des dirigeants qui exhibent un ego sur dimensionné pour attirer par l'emphase les électeurs, Johnson, Macron, Erdogan illustrent cette réalité. La démocratie est la gestion du peuple par le peuple et repose sur une structure équilibrée de délégations de pouvoir. On en vient souvent à une gestion du peuple par un délégué adoubé par une partie du peuple. Car aux dérives populistes qui consistent à brosser l'électeur dans le sens de ses plus vils penchants, s'ajoute l'apathie d'une société de consommation qui se paupérise et où chacun se replie sur soi, se détournant de la chose publique et collective pour trouver refuge dans la sphère privée et s'immerger dans la gestion de ses propres problèmes, loin des tracas du monde anxiogènes. Il en résulte une participation électorale moindre et donc une surrepresentation accrue des voies pour les leaders visibles par leur excès.


Prenons l'exemple américain. Si Trump a bien été élu démocratiquement, sa pratique brutale du pouvoir, autocratique, dans le mépris des femmes, des minorités et plus largement de tous ceux qui n'étaient pas à sa botte, sa façon clanique de gérer les affaires, ont été une pratique antidémocratique.


Et pourtant à peine 3% séparent les deux candidats !!! C'est dire combien cette façon antidémocratique d'agir peut porter de fascination pour certains. C'est dire combien la détention du pouvoir déséquilibre les rapports de force. Trump aura été le plus emblématique, parce que le Président de la première puissance, mais il y a beaucoup d'autres Trump au pouvoir, de par le monde, a tous les étages du pouvoir, a la tête des échelons nationaux, régionaux, communaux. Combien d'hommes, ce sont souvent des hommes, se sont construits des espaces de pouvoir quasi inexpugnables et règnent en autocrates, privilégiant leur clan, pratiquant le clientélisme. Ce sont mis bout à bout ces accros plus ou moins importants à la démocratie qui mettent en péril notre démocratie. La plupart des dictateurs sont venus au pouvoir par la voie démocratique suivie d'une transgression plus ou moins subtile ou brutale.


Puisse cet exemple avorté d'un dérapage antidémocratique que constitue Trump nous faire réfléchir sur nos pratiques et nous conduire vers le 0 tolérance de ces dérives. Puisse cet exemple nous faire réfléchir sur les attentes de nos concitoyens, car si un Trump a émergé c'est aussi parce que des attentes légitimes du peuple n'avaient pas été entendues par les dirigeants.


Nos démocraties perdent la tempérance que le siècle précédent leur avait permis d'acquérir en réponse à l'abyme et à l'horreur de la dernière déflagration guerrière mondiale. Or la démocratie n'est pas un acquis. L'histoire nous apprend qu'elle est un moment instable. Il y a donc lieu de la cultiver pour la faire perdurer. Il faut réinventer les contre-pouvoirs, l'équilibre des pouvoirs, la place du débat, l'indépendance critique des médias, le rôle actif du citoyen.


La qualification des Etats repose sur une analyse en 60 points portant sur les processus électoraux (élections, élaboration des lois, financement de la vie politique…), le fonctionnement gouvernemental (équilibre des pouvoirs, position des militaires, corruption, confiance des citoyens…), l’implication des citoyens (taux de participation, égalité femme/homme, représentation des minorités, engagement citoyen…), culture démocratique (consensus social, place des experts, laïcité…) et libertés civiles (liberté des média, liberté d’expression, droit de pétition, indépendance de la justice…). Il ressort de ces soixante points une note sur 10. Les pleines démocraties ont une note supérieure à 8. Les régimes autoritaires ont une note inférieure à 4.


En 2020 les pleines démocraties sont : Norvège, Islande, Suède, Nouvelle Zélande, Canada, Finlande, Danemark, Irlande, Australie, Pays-Bas, Taïwan, Suisse, Luxembourg, Allemagne, Uruguay, Royaume-Uni, Chili, Autriche, Costa Rica, Maurice, Japon, Espagne, Corée du Sud.


En 2020 la Corée du Nord est le pays le moins démocratique avec une note de 1.08. Les 20 pays les plus autoritaires sont : Corée du Nord, République Démocratique du Congo, République Centre Afrique, Syrie, Tchad, Turkménistan, Laos, Guinée équatoriale, Tadjikistan, Yémen, Libye, Arabie Saoudite, Ouzbékistan, Burundi, Erythrée, Iran, Chine, Bahreïn, Soudan, Biélorussie.


Il y a urgence à réinventer nos pratiques démocratiques modernes si nous voulons que vive la démocratie, car celle-ci est fragile !


La crise de l'épidémie de Covid19 est un révélateur de l'état de nos démocratie.

Il est donc pertinent de tirer les enseignements de ce qui a fonctionné et de ce qui est un désastre dans la gestion de cette crise, car nous avons devant nous la crise du réchauffement climatique hélas plus terrible encore.


Nous y arriverons si nous faisons tomber les jougs nombreux qui cadenassent nos sociétés, notre agir individuel ou collectif, et nos modes de penser. Protégeons nous aujourd'hui et Inventons demain. Inventons une société juste, solidaire, fraternelle, respectueuse de la Planète et des Uns et des Autres dans leur diversité. Prenons fraternellement soin les uns des autres.



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