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ALTERMONDE

Regard d'Actu


A l'image de sa très timide formulation finale la COP26 à finalement permis d'avancer de quelques petits pas vers l'objectif indispensable de -1,5°C. Ainsi pour la première fois le charbon et les énergies fossiles sont désignés. Et un ensemble d'accords partiels viennent s'ajouter à la révision des intentions des États constatée en début de sommet.


Mais que de lenteur dans les décisions !!! Et de précautions diplomatiques dans les formulations quand l'urgence pour le climat et l'urgence pour l'humanité exigerait des décisions fortes suivies d'actions effectives.



Quelles sont les avancées ?


Elles reposent principalement sur le seul mot "much" dans la formulation finale :《the impacts of climate change will be much lower at the temperature increase of 1.5 °C compared with 2 °C, and resolves to pursue efforts to limit the temperature increase to 1.5 °C》


Les Etats qui s'étaient accordés à Paris sur l'ambition de rester en deçà de +2°C de hausse des températures s'accordent six ans plus tard sur l'ambition de rester bien en deçà de +2°C !!! Et pendant cela il est resté que 9 années pour agir et réussir ses actions.



La deuxième avancée de ce sommet est d'avoir pour la première fois désigné le charbon et les énergies fossiles. Cela signifie que l'on passe de l'intention d'agir sur les symptômes (le réchauffement climatique) à celle d'agir sur les causes du mal (charbon, pétrole et gaz). Et encore seul le premier est mentionné dans l'accord final et le troisième figure dans un des accords partiels négociés.


Mais là encore que de précautions scripturales ! 《accelerate the development, deployment and dissemination of


technologies, and the adoption of policies, to transition towards low-emission energy


systems, including by rapidly scaling up the deployment of clean power generation and


energy efficiency measures, including accelerating efforts towards the phasedown of unabated coal power and phase-out of inefficient fossil fuel subsidies, while providing


targeted support to the poorest and most vulnerable in line with national circumstances and recognizing the need for support towards a just transition;》Au lieu de parler de 《supprimer le charbon》, le texte invite à 《accélérer le développement des solutions vers l'énergie charbon sans capture de CO2》. C'est quand même moins engageant !



Aux côtés des 71 alinéas du Glasgow Climate Pact ce sont les accords partiels qui auront marqué ce sommet. Ceux sur l'arrêt des investissements dans le charbon, de la diminution du gaz naturel, de la fin à programmer du pétrole, du développement des véhicules électriques, de l'engagement du Brésil à baisser de 50% ses émissions en 2030 et de l'Inde à arriver à la neutralité carbone en 2070 (ce qui est trop tardif... mais c'est la première fois que ce grand pays se fixe un tel objectif).

A l'approche de la COP un bruissement enfle qui verrait dans compensation une solution au réchauffement climatique. Qu'est-ce la compensation et compenser le CO2... est-ce une idée pertinente ?


Le principe de la compensation carbone consiste à participer au financement de projets de décarbonation pour effacer mathématique tout ou partie de ses propres émissions.


Ainsi, pour prendre un exemple, un industriel A émet 300 kg de CO2 et n'a de solution simple pour réduire ses émissions. De même un industriel qui 700 kg n'a pas davantage de solution. Un industriel C qui émet 3 Tonnes de CO2 a trouvé une solution pour diviser par 3 ses émissions de CO2 et la ramener à 1 Tonne. Mais sa solution est coûteuse.


L'industriel A paie 10% du projet de l'industriel C. L'industriel B paie 23% du projet de l'industriel C.


Collectivement les industriels A, B et C qui émettent 4 Tonnes vont réduire de 2 Tonnes de CO2, c'est à dire baisser de 50 % leurs émissions. Soit peu ou prou l'ambition à atteindre d'ici 2030. L'industriel va réduire de 33% le coût de son investissement.


L'industriel C dépasse son niveau d'ambition mais cela ne lui coûte pas plus cher que s'il baissait de 50% ses émissions c'est à dire dans cet exemple 1,5 T. Les industriels A et B continuent d'émettre respectivement 300kg et 700 kg. Mais ils ont financé une réduction de 150 kg et 350 kg respectivement. Ce qui revient à effacer mathématiquement la moitié de leurs émissions.


Les avantages de la compensation sont de donc de permettre de financer des projets de réduction des émissions de CO2 via des tiers et ainsi d'augmenter les volumes financiers vers la transition écologique. De plus a priori ce sont les projets les moins chers qui sont financés. Et donc cela accroît d'autant l'efficience de chaque euro investi.


Ce présuppose qu'il existe un marché pour cela et que le prix de la tonne de CO2 compensé soit inférieur aux sanctions ou au prix marché de la Tonne de Carbone. Jusqu'à présent le prix marché était tellement bas et les volumes de droits à émettre du CO2 tellement élevés que nul n'avait intérêt au dispositif. Les choses évoluent dans le bon sens. Le prix de la Tonne de CO2 évolue vers 50€ et les Etats réduisent les droits d'émettre.


Les inconvénients de la compensation sont nombreux. D'aucuns y voient un risque de green washing au motif que cela n'incite pas à agir sur des propres sujets. Il convient d'avoir en tête que la compensation carbone n'est qu'une solution provisoire. Et qu'une entreprise qui compense se retrouvera un jour en situation de devoir faire les investissements chez elle par épuisement de la ressource de compensation (macro-économiquement tous les projets moins chers auront été réalisés). Mais les principaux griefs sont là véracité de la baisse de CO2 et les risques de fraudes. Cela implique donc pour le premier point des auditeurs qui en valident la réalité et le niveau. Et pour le second il est indispensable d'avoir des organismes certificateurs qui s'assure que les vendeurs de projets ne vendent pas plusieurs fois leur projet et le réalisent.


Ainsi auditeurs, certificateurs, monteurs de projets, experts pour la mise en relation sont nécessaires au bon fonctionnement de la compensation. Pour l'instant de nombreux acteurs émergent en ordre assez dispersés et sans véritable cadre juridique et normatif. C'est sur ces deux derniers points qu'il sera indispensable d'agir si on veut que la compensation soit un instrument transitoire de la baisse des émissions de CO2.


Pour mémoire l'actuelle cycle d'évaluation par le GIEC a commencé par une première séquence entre octobre 2018 et mai 2019 qui a défini les bases méthodologique des évaluations. Ainsi 3 groupes de travail ont été lancés. Le premier sur les fondements scientifiques du changement climatique a rendu ses conclusions le 9 août 2021. Le rapport du deuxième Groupe de travail sur les leviers pour atténuer les changements climatiques est attendu en septembre. Le troisième Groupe de Travail sur les incidences, l'adaptation et les conséquences devrait livrer ses conclusions en octobre. S'en suivra un rapport global en mai 2022.


La 6ème édition du rapport du GIEC est partiellement sortie aujourd'hui. Il s'agit en réalité des résultats des travaux du Groupe de travail n°1 intitulé "les fondements scientifiques du changement climatique".


Au-delà de ce premier constat, le rapport est dense et riche à la lecture des 3.949 pages du rapport en anglais.


L'actuel document livre des données particulièrement alarmantes. Ainsi la température moyenne terrestre est plus chaude de 1,09°C sur la dernière décennie 2011-2020 que la moyenne des températures observées au début de l'ère industrielle 1850-1900.


Ceci se traduit par une hausse de 1,59°C sur les continents. Les océans réagissent différemment avec une augmentation du niveau des mers de 20cm et une hausse des températures océaniques de 0,88°C.


La concentration en CO2 dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis 2 millions d'années et cette concentration continue d'augmenter à grande vitesse. Nous sommes dans la dernière décennie qui peut limiter le stockage de CO2 en deçà des 500 Giga Tonnes, chiffre au-delà duquel nous passerons de +1,09°C à +1,5°C. Limite de ce que tous les experts s'accordent à reconnaître comme encore acceptable en termes de conséquences.


Parallèlement les états sont appelés d'ici à l'ouverture de la COP26 à fournir la révision de leurs objectifs (NDC) de réduction des émissions de CO2. Or selon l'ONU les Etats ne sont pas assez ambitieux face au réchauffement climatique !


Au creux de l'été, Patricia Espinosa Cantellano, la Vice-présidente de l'ONU en charge de la convention cadre des Nations Unies sur le réchauffement climatique a fait le point sur ces fameux NDC, les contributions nationales à la réduction des gaz à effet de serre.

Ainsi lors de la COP21 les 195 États signataires avaient pris la décision de réduire leurs émissions de CO2 afin de limiter le réchauffement à moins de +2°C et si possible à moins de +1,5°C. Parallèlement chaque État avait pris des engagements (NDC) le concernant individuellement. La sommes des engagements des États représentait hélas une hausse des émissions en 2030 par rapport à 1990, conduisaient à une hausse des températures de +3,2°C. Certes cela constituait une inflexion de la tendance observée de +4,7°C mais on était loin du compte.


Aussi les Etats s'étaient fixés la COP26 pour rehausser leurs niveaux d'ambition individuelles.

Depuis, et notamment lors du sommet des leaders pour le Climat d'avril 2021 lancé sous l'impulsion de Joe Biden, plusieurs pays dont la Chine, les USA, le Japon, le Royaume Uni et l'Europe ont annoncé une actualisation de leurs actions


Ainsi à ce jour, selon la synthèse de l'ONU, 110 des pays ont déjà fait connaître l'actualisation de leur niveau d'ambition. Mauvaise nouvelle il manque encore 85 pays qui n'ont pas actualisé leurs ambitions.

Bonne nouvelle, les 3/4 des réponses analysées, conduisent pour la première fois à espérer une réduction des émissions de CO2 en 2030 comparé à 1990.

Mauvaise nouvelle cette baisse serait de seulement 1% !!! Alors qu'il faut une baisse de 45 % pour contenir le réchauffement climatique en deçà de +1,5°C.


" J'appelle les pays qui n'ont pas été en mesure de respecter ce délai à redoubler d'efforts et à honorer l'engagement qu'ils ont pris dans le cadre de l'Accord de Paris de renouveler ou d'actualiser leurs NDC. J'encourage également ceux qui ont soumis leurs NDC à continuer à les réviser et à améliorer leur niveau d'ambition," conclue la Vice-présidente de l'ONU.


Bref, il reste un énorme travail à faire par les États pour inverser la tendance. Et il y a urgence pour le climat mais surtout urgence pour l'humanité. Cet été le démontre avec la multiplication des catastrophes climatiques et des morts qu'elles engendrent. Juillet 2021 aura été le mois le plus chaud jamais mesuré sur Terre ! Et pourrait ne plus l'être dès les prochains été...

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