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ALTERMONDE

Regard d'Actu



Le G7 vient de franchir ce 27 mai 2022 un pas important dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les USA, l'Union Européenne, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et le Canada viennent de décider de "mettre fin d'ici fin 2022 à toute nouvelle aide publique directe à l'international en faveur du secteur de l'énergie fossile sans technique de capture de carbone".


Pourquoi est-ce une décision historique ? Pourquoi est-ce une décision qui marque une avancée majeure vers la maitrise du réchauffement climatique?


Parce que la principale raison pour laquelle les émissions de CO2 augmentent régulièrement depuis des décennies malgré les investissements dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique c'est que les états et les entreprises investissent encore plus dans les énergies fossiles.


Certes, comme en témoigne le graphe ci-dessus, les subventions et investissements mondiales pour le climat représentent environ 1.150 milliards$, somme considérable de laquelle nous serions en droit d'attendre des résultats et donc une baisse des émissions.


Mais dans le même temps (les colonnes cerclées de rouge) les investissements et les subventions pour continuer à produire massivement du CO2 se chiffrent à 1.500 milliards$, soit 33% de plus !!!


On appuyait jusqu'à cette décision sur le frein du réchauffement climatique tout en appuyant plus fort encore sur l'accélérateur !!!


Petit bémol le texte laisse courir les financements en cours et laisse la porte ouvertes aux projets avec puits de carbone. Mais ne boudons pas notre plaisir surtout que les économies du G7 pèsent plus de 55% de l'économie mondiale.


La porte a de telles décisions avait été ouverte lors de la Cop26. Voici donc un engagement concret.



Paru en mars 1972, Le rapport Meadows est l'un des premiers cris d’alarme sur la dérive que l'homme inflige à la planète.. De jeunes chercheurs du fameux MIT (Massachussetts Institute of Technology), Dennis et Donella Meadows, William W Behrens et Jorgen Randers, étudient les conséquences sur notre planète de la forte croissance économique alors constatée dans les années soixante. S'appuyant sur des modèles macro-économiques et usant de la puissance de calcul des premiers ordinateurs, ils extrapolent le monde d'alors et démontrent les dangers que la démographie galopante et la croissance insolente de 7% l'an font peser sur la planète et l'humanité.


Les productions agricoles vont suivre un rendement tendanciellement décroissant. Le coût des ressources va augmenter. Les pollutions croissantes nécessiteront des investissements coûteux. A terme des risques de pénuries, de conséquences climatiques et de conflits augmenteront.


Cinquante ans plus tard ce cri d'alerte n'a pas été démenti par les faits. Ses projections sont toujours aussi dérangeantes. Et pourtant les actions entreprises pour enrayer cette dynamique effroyable n'ont pas été au rendez-vous.


A l'occasion des 50 ans de sa publication initiale, le rapport Meadows est réédité dans la collection ecopoche aux Éditions Rue de l'Echiquier.


En relisant « The Limits to Growth » chacun comprendra que voici 50 ans nous savions. Et que depuis 50 ans les décideurs politiques et économiques font la source oreille. L'appât du gain et la cupidité sont plus puissants que la prudence et le principe de précaution.


Sauf que nous sommes désormais au pied du mur : huit années seulement nous séparent du point de non retour. Il y a urgence.



Au sixième jour de l'invasion des troupes du Kremlin en Ukraine, la Russie était de plus en plus isolée. L'Assemblée Générale des Nations Unies a condamné massivement la Russie et exigé dans sa résolution qu'elle « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires » situées en Ukraine. Elle a également condamné « la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ». Les trois quart des pays, soit 141 pays, ont approuvé cette condamnations de l'invasion de l'Ukraine. Seuls 4 pays : la Biélorussie, l'Erythree, la Syrie et la Corée du Nord se sont joints à la Russie pour voter contre ! Le dernier carré des dictatures...


Cette invasion préméditée de longue date, préparée depuis des semaines, et enclenchée le 24 février aura produit des effets inattendus.


Tout d'abord, chacun est saisi d'empathie et d'admiration devant le courage déterminé du peuple ukrainien. Les images d'immeubles effondrés, celles de groupes d'hommes et de femmes bravant les chars russes de leur seul corps, la présence forte du président Volodymyr zelensky ont marqué les opinions.


C'est ensuite le rôle que jouent les opinions dans les pays démocratiques qui a frappé : 500.000 manifestants de la porte de Brandebourg aux jardins de Tiergarten, de très nombreux rassemblements tout autour de la planète ont infléchi les prudences des dirigeants européens. Non seulement l'Allemagne s'est finalement ralliée au blocage des accès russes à la plate-forme mondiale d'échanges interbancaires SWIFT mais elle a annoncé une rupture historique de la doctrine militaire en declarant viser une cible de dépenses à 2%. La Suède est sortie d'une posture de non intervention létale datant du XVIIIe siècle. La Suisse a rompu avec son historique neutralité en bloquant les avoirs suisses.


C'est également la cohérence et l'ampleur des sanctions occidentales inédites qui surprennent par leur rapidité de décision et de mise en œuvre. Les conséquences macro-économiques sur la Russie ont été immédiates. Avec la chute du Rouble, le PIB de la Russie est désormais au niveau de celui de l'Iran. Quel sera l'impact sur l'économie réelle ? Est-ce que cela aura une influence sur les décisions du Kremlin ? L'avenir le dira.


C'est enfin la réaction des milieux sportifs qui est mémorable : exclusion de la Russie des jeux paralympiques en cours, de la quasi totalité des compétitions internationales, et retrait de sponsors... ceci a conduit à une mise au banc de la Russie et de la Biélorussie du monde sportif international.


Au quinzième jour de l'agression militaire en Ukraine, face à l'enlisement des positions, le Kremlin risque un conflit global. Au sens où c'est désormais toute la Russie qui est engagée. On passe d'une opération extérieure à une guerre entière. Le prix du sang payé par les Ukrainien est terrible, auquel s'ajoutent la terreur de ceux qui restent et le désarroi de ceux qui fuient. Côté militaire, même si les chiffres se parent de secret, les pertes sont fortes tant du côté de ceux qui défendent leur terre et leur liberté que du côté des agresseurs. Le maître du Kremlin a perdu son pari insensé d'une guerre éclair et facile. C'est désormais toute la puissance militaire russe qui est engagée et contenue par les ukrainiens, c'est la faiblesse économique russe qui se révèle. Et le Kremlin est obliger de réprimander fortement les quelques fissures d'expression anti-guerre dans la chape autocratique qui musèle la Russie.


Le maître du Kremlin aura contre toute attente réussi à resserrer les liens entre les européens, à pousser les pays des balkans et de la mer noire vers l'Europe, à contrainte la Chine à s'abstenir, à redonner des raisons d'être à l'OTAN, à renforcer le sentiment occidental des Ukrainiens. Tout ce que ce le Kremlin exsécrait. Il est en échec sur toute la ligne. C'est bien cher payer l'opération folle de cette tentative d'annexion.


Si la supériorité de l'arsenal militaire donnait au russe l'avantage, gérer une population d'une cinquantaine de millions de personnes hostiles est un défi logistique et tactiques qui n'a jamais réussi dans l'histoire moderne. Sans compter les risques de troubles internes devant les mères qui pleureront leurs fils morts au combat ou face aux pénuries et surencherissement de la vie quotidienne. Même une domination militaire immédiate peut engendrer un pourrissement létal de la situation.


Et si, le pire n'étant jamais certain, l'héroïsme ukrainien tient en respect les forces russes, c'est le lustre de la gouvernance du Kremlin qui en patira. C'est sans doute ce qui pousse Poutine à brandir la menace nucléaire car il se sent menacé, mais c'est lui-même qui s'est mis en péril. Ceci n'en rend d'ailleurs que plus imprévisible l'homme. Même s'il ne faut pas ignorer la rationalité de son raisonnement.


Quelle que soit l'issue des actes guerriers en cours, ce sera pour le Kremlin un échec. Sauf que les deux schéma ne se valent ne serait-ce que par le prix du sang que sont amenés à payer les ukrainiens. Ils ont toute notre solidarité.


En concevant cette attaque folle par son ampleur, le maître du Kremlin a engagé durablement la position géopolitique du regime russe. Sans doute la molesse de la réaction occidentale face à l'invasion de la Crimée et des agressions en Géorgie et dans les régions séparatistes du Donbass, parce que les démocraties répugnent à se battre quand l'essentiel n'est pas en jeu, l'a amené à croire que l'occident laisserait faire.


C'est commettre là une erreur d'analyse profonde. La démocratie est comme la neige molle qui se durcit sous l'emprise du froid.

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